Une démarche artistique unique
Jeanne Bordeau
« Dans mes tableaux, je mets en scène les mots de l’actualité pour dessiner l’époque. J’écoute ainsi le bruit du monde »
Inspirée à la fois par Robert Rauschenberg qui réunit dans ses collages des combinaisons de mots incongrus, elle revendique un cousinage lointain avec Rimbaud qui écrit dans Voyelles que les mots possèdent une couleur : « A noir, E blanc, I rouge ». Depuis l’enfance, le langage est pour Jeanne Bordeau, matière, couleur, texture. Elle aime à dire qu’elle est « soeur de coeur » de poètes comme Char, Césaire, Bobin ou Oho Bambe qui font chanter la langue bien au-delà de son sens apparent.
Elle débute en 2008. Et depuis 16 ans, Jeanne crée de grands tableaux qui dessinent et content l’époque. Elle crible des milliers de pages de magazines et journaux. Ses oeuvres se concentrent chaque année sur les dix mêmes thèmes.
Dans son travail artistique, le collage est au coeur. Il s’agit pendant des mois, de trier et sélectionner dans les pages de magazines les mots de l’actualité les plus connus et les plus rares. Ensemble, dans chaque tableau, les mots recueillis reprennent un sens, un sens fortifié par leur disposition et fondent une histoire. Elle dessine avec les mots une forme qui rehausse la signification de chaque composition.
Jeanne Bordeau
« Elle n’a cessé de surprendre par l’intuition exprimée dans ses oeuvres. Dès 2009, l’artiste repérait le mot déclassement social. Quant au mot colère, dès 2014 il apparaît et composera un tableau nommé Chaos »
C’est une oeuvre militante : ses tableaux sur le développement durable alertent depuis 16 ans sur une terre en détresse, une planète qui brûle et la guerre de l’eau. Elle révèle sur chaque thème les évolutions et les troubles de la société. Jeanne Bordeau est une artiste presque médium.
En 2022, Marc Ladreit de Lacharrière et Véronique Morali l’ont reçue pour une exposition-vente de 35 tableaux. L’oeuvre de Jeanne Bordeau possède ce rare avantage de garder également la « mémoire papier » de journaux. Ses acheteurs les plus fidèles sont les dirigeants de la tech…
Art et manière ?
Tout au long de l’année, semaine après semaine, des milliers de pages lues, de mots sélectionnés avec constance. Jeanne Bordeau est une « texte chercheuse », obsédée par le sens.
Souvent, le papier se rebelle, se cambre, il faut l’apprivoiser. C’est une ascèse qui se termine avec une étape de collage délicate. Grâce à des coups de pinceaux imprégnés de colle, les mots trouvent alors leur place à jamais, tels des papillons immortalisés.
Je fabrique mes couleurs à partir de pigments et souvent termine le dessin de la toile avec des pastels.
De longues heures, de nuit comme de jour, à l’aide de ciseaux et de pinceaux, de couleurs, de pastels et de colle, de kilos de journaux, je tisse une tapisserie lexicale de l’époque.
Jeanne Bordeau
« Je vise à composer chaque tableau en « paysages de mémoire. »
Danse des verbes – Verbes / 2022
Que crée-t-elle ?
Danse des verbes – Verbes / 2022
Un récit de l’époque sur 10 sujets, composés en 10 tableaux
chaque année :
- Développement durable
- Femmes
- Communication
- Culture
- Politique
- Économie
- Société
-
Ressources humaines*
-
Verbes
-
Beaux mots
-
Le temps**
* Le sujet ressources humaines est arrêté après la collection 2022.
** Un onzième sujet a été ajouté depuis la collection 2022, le Temps.
À propos de l'artiste
Inspirée à la fois par Robert Rauschenberg qui réunit dans ses collages des combinaisons de mots incongrus, elle revendique un cousinage lointain avec Rimbaud qui écrit dans Voyelles que les mots possèdent une couleur : « A noir, E blanc, I rouge ». Depuis l’enfance, le langage est pour Jeanne Bordeau, matière, couleur, texture.
Elle aime à dire qu’elle est « sœur de cœur » de poètes comme Char, Césaire, Bobin ou Oho Bambe qui font chanter la langue bien au-delà de son sens apparent.